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Les Bijoux


Guy de Maupassant



M. Lantin ayant rencontré cette jeune fille, dans une soirée, chez son sous-chef de bureau, l'amour l'enveloppa comme un filet.

C'était la fille d'un percepteur de province, mort depuis quelques années. Elle était venue ensuite à Paris avec sa mère, qui fréquentait quelques familles bourgeoises de son quartier dans l'espoir de marier la jeune personne. Elles étaient pauvres et honorables, tranquilles et douces. La jeune fille semblait le type absolu de l'honnête femme à laquelle le jeune homme sage rêve de confier sa vie. Sa beauté modeste avait un charme de pudeur angélique, et l'imperceptible sourire qui ne quittait point ses lèvres semblait un reflet de son cœur.

Tout le monde chantait ses louanges; tous ceux qui la connaissaient répétaient sans fin: «Heureux celui qui la prendra. On ne pourrait trouver mieux.»

M. Lantin, alors commis principal au ministère de l'intérieur, aux appointements annuels de trois mille cinq cents francs, la demanda en mariage et l'épousa.

Il fut avec elle invraisemblablement heureux. Elle gouverna sa maison avec une économie si adroite qu'ils semblaient vivre dans le luxe. Il n'était point d'attentions, de délicatesses, de chatteries qu'elle n'eût pour son mari; et la séduction de sa personne était si grande que, six ans après leur rencontre, il l'aimait plus encore qu'aux premiers jours.

Il ne blâmait en elle que deux goûts, celui du théâtre et des bijouteries fausses.

Ses amies (elle connaissait quelques femmes de modestes fonctionnaires) lui procuraient à tous moments des loges pour les pièces en vogue, même pour les premières représentations; et elle traînait, bon gré, mal gré, son mari à ces divertissements qui le fatiguaient affreusement après sa journée de travail. Alors il la supplia de consentir à aller au spectacle avec quelque dame de sa connaissance qui la ramènerait ensuite. Elle fut longtemps à céder, trouvant peu convenable cette manière d'agir. Elle s'y décida enfin par complaisance, et il lui en sut un gré infini.

Or, ce goût pour le théâtre fit bientôt naître en elle le besoin de se parer. Ses toilettes demeuraient toutes simples, il est vrai, de bon goût toujours, mais modestes; et sa grâce douce, sa grâce irrésistible, humble et souriante, semblait acquérir une saveur nouvelle de la simplicité de ses robes, mais elle prit l'habitude de pendre à ses oreilles deux gros cailloux du Rhin qui simulaient des diamants, et elle portait des colliers de perles fausses, de bracelets en similor, des peignes agrémentés de verroteries variées jouant les pierres fines.

Son mari, que choquait un peu cet amour du clinquant, répétait souvent: «Ma chère, quand on n'a pas le moyen de se payer des bijoux véritables, on ne se montre parée que de sa beauté et de sa grâce, voilà encore les plus rares joyaux.»

Mais elle souriait doucement et répétait: «Que veux-tu? J'aime ça. C'est mon vice. Je sais bien que tu as raison; mais on ne se refait pas. J'aurais adoré les bijoux, moi!»

Et elle faisait rouler dans ses doigts les colliers de perles, miroiter les facettes des cristaux taillés en répétant: «Mais regarde donc comme c'est bien fait. On jurerait du vrai.»

Il souriait en déclarant: «Tu as des goûts de Bohémienne.»

Quelquefois, le soir, quand ils demeuraient en tête à tête au coin du feu, elle apportait sur la table où ils prenaient le thé la boîte de maroquin où elle enfermait la «pacotille», selon le mot de M. Lantin; et elle se mettait à examiner ces bijoux imités avec une attention passionnée, comme si elle eût savouré quelque jouissance secrète et profonde; et elle s'obstinait à passer un collier au cou de son mari pour rire ensuite de tout son cœur en s'écriant: «Comme tu es drôle!» Puis elle se jetait dans ses bras et l'embrassait éperdument.

Comme elle avait été à l'Opéra, une nuit d'hiver, elle rentra toute frissonnante de froid. Le lendemain elle toussait. Huit jours plus tard elle mourait d'une fluxion de poitrine.

Lantin faillit la suivre dans la tombe. Son désespoir fut si terrible que ses cheveux devinrent blancs en un mois. Il pleurait du matin au soir, l'âme déchirée d'une souffrance intolérable, hanté par le souvenir, par le sourire, par la voix, par tout le charme de la morte.

Le temps n'apaisa point sa douleur. Souvent pendant les heures du bureau, alors que les collègues s'en venaient causer un peu des choses du jour, on voyait soudain ses joues se gonfler, son nez se plisser, ses yeux s'emplir d'eau; il faisait une grimace affreuse et se mettait à sangloter.

Il avait gardé intacte la chambre de sa compagne où il s'enfermait tous les jours pour penser à elle; et tous les meubles, ses vêtements mêmes demeuraient à leur place comme ils se trouvaient au dernier jour.

Mais la vie se faisait dure pour lui. Ses appointements, qui, entre les mains de sa femme, suffisaient à tous les besoins du ménage, devenaient, à présent, insuffisants pour lui tout seul. Et il se demandait avec stupeur comment elle avait su s'y prendre pour lui faire boire toujours des vins excellents et manger des nourritures délicates qu'il ne pouvait plus se procurer avec ses modestes ressources.

Il fit quelques dettes et courut après l'argent à la façon des gens réduits aux expédients. Un matin enfin, comme il se trouvait sans un sou, une semaine entière avant la fin du mois, il songea à vendre quelque chose; et tout de suite la pensée lui vint de se défaire de la «pacotille» de sa femme, car il avait gardé au fond du cœur une sorte de rancune contre ces «trompe-l'œil» qui l'irritaient autrefois. Leur vue même, chaque jour, lui gâtait un peu le souvenir de sa bien-aimée.

Il chercha longtemps dans le tas de clinquant qu'elle avait laissé, car jusqu'aux derniers jours de sa vie elle en avait acheté obstinément, rapportant presque chaque soir un objet nouveau, et il se décida pour le grand collier qu'elle semblait préférer, et qui pouvait bien valoir, pensait-il, six ou huit francs, car il était vraiment d'un travail très soigné pour du faux.

Il le mit en sa poche et s'en alla vers son ministère en suivant les boulevards, cherchant une boutique de bijoutier qui lui inspirât confiance.

Il en vit une enfin et entra, un peu honteux d'étaler ainsi sa misère et de chercher à vendre une chose de si peu de prix.

--Monsieur, dit-il au marchand, je voudrais bien savoir ce que vous estimez ce morceau.

L'homme reçut l'objet, l'examina, le retourna, le soupesa, prit une loupe, appela son commis, lui fit tout bas des remarques, reposa le collier sur son comptoir et le regarda de loin pour mieux juger de l'effet.

M. Lantin, gêné par toutes ces cérémonies, ouvrait la bouche pour déclarer: «Oh! je sais bien que cela n'a aucune valeur.»--Quand le bijoutier prononça:

--Monsieur, cela vaut de douze à quinze mille francs; mais je ne pourrais l'acheter que si vous m'en faisiez connaître la provenance.

Le veuf ouvrit des yeux énormes et demeura béant, ne comprenant pas. Il balbutia enfin: «Vous dites?... Vous êtes sûr.» L'autre se méprit sur son étonnement, et d'un ton sec: «Vous pouvez chercher ailleurs si on vous en donne davantage. Pour moi cela vaut, au plus, quinze mille. Vous reviendrez me trouver si vous ne trouvez pas mieux.»

M. Lantin, tout à fait idiot, reprit son collier et s'en alla, obéissant à un confus besoin de se trouver seul et de réfléchir.

Mais, dès qu'il fut dans la rue, un besoin de rire le saisit, et il pensa: «L'imbécile! oh! l'imbécile! Si je l'avais pris au mot tout de même! En voilà un bijoutier qui ne sait pas distinguer le faux du vrai!»

Et il pénétra chez un autre marchand, à l'entrée de la rue de la Paix. Dès qu'il eut aperçu le bijou, l'orfèvre s'écria:

--Ah! parbleu; je le connais bien, ce collier; il vient de chez moi.

M. Lantin, fort troublé, demanda:

--Combien vaut-il?

--Monsieur, je l'ai vendu vingt-cinq mille. Je suis prêt à le reprendre pour dix-huit mille, quand vous m'aurez indiqué, pour obéir aux prescriptions légales, comment vous en êtes détenteur. Cette fois M. Lantin s'assit perclus d'étonnement. Il reprit:--Mais... mais, examinez-le bien attentivement, monsieur, j'avais cru jusqu'ici qu'il était en... faux.

Le joaillier reprit:--Voulez-vous me dire votre nom, monsieur?

--Parfaitement. Je m'appelle Lantin, je suis employé au ministère de l'intérieur, je demeure 16, rue des Martyrs.

Le marchand ouvrit ses registres, rechercha, et prononça: «Ce collier a été envoyé en effet à l'adresse de M^me Lantin, 16, rue des Martyrs, le 20 juillet 1876.»

Et les deux hommes se regardèrent dans les yeux, l'employé éperdu de surprise, l'orfèvre flairant un voleur.

Celui-ci reprit:--Voulez-vous me laisser cet objet pendant vingt-quatre heures seulement, je vais vous en donner un reçu?

M. Lantin balbutia:--Mais oui, certainement. Et il sortit en pliant le papier qu'il mit dans sa poche.

Puis il traversa la rue, la remonta, s'aperçut qu'il se trompait de route, redescendit aux Tuileries, passa la Seine, reconnut encore son erreur, revint aux Champs-Élysées sans une idée nette dans la tête. Il s'efforçait de raisonner, de comprendre. Sa femme n'avait pu acheter un objet d'une pareille valeur.--Non, certes.--Mais alors, c'était un cadeau! Un cadeau! Un cadeau de qui? Pourquoi?

Il s'était arrêté, et il demeurait debout au milieu de l'avenue. Le doute horrible l'effleura.--Elle?--Mais alors tous les autres bijoux étaient aussi des cadeaux! Il lui sembla que la terre remuait; qu'un arbre, devant lui, s'abattait; il étendit les bras et s'écroula, privé de sentiment.

Il reprit connaissance dans la boutique d'un pharmacien où les passants l'avaient porté. Il se fit reconduire chez lui, et s'enferma.

Jusqu'à la nuit il pleura éperdument, mordant un mouchoir pour ne pas crier. Puis il se mit au lit accablé de fatigue et de chagrin, et il dormit d'un pesant sommeil.

Un rayon de soleil le réveilla, et il se leva lentement pour aller à son ministère. C'était dur de travailler après de pareilles secousses. Il réfléchit alors qu'il pouvait s'excuser auprès de son chef; et il lui écrivit. Puis il songea qu'il fallait retourner chez le bijoutier, et une honte l'empourpra. Il demeura longtemps à réfléchir. Il ne pouvait pourtant pas laisser le collier chez cet homme, il s'habilla et sortit.

Il faisait beau, le ciel bleu s'étendait sur la ville qui semblait sourire. Des flâneurs allaient devant eux, les mains dans leurs poches.

Lantin se dit, en les regardant passer: «Comme on est heureux quand on a de la fortune! Avec de l'argent on peut secouer jusqu'aux chagrins, on va où l'on veut, on voyage, on se distrait! Oh! si j'étais riche!»

Il s'aperçut qu'il avait faim, n'ayant pas mangé depuis l'avant-veille. Mais sa poche était vide, et il se ressouvint du collier. Dix-huit mille francs! Dix-huit mille francs! c'était une somme, cela!

Il gagna la rue de la Paix et commença à se promener de long en large sur le trottoir, en face de la boutique. Dix-huit mille francs! Vingt fois il faillit entrer; mais la honte l'arrêtait toujours.

Il avait faim pourtant, grand'faim, et pas un sou. Il se décida brusquement, traversa la rue en courant pour ne pas se laisser le temps de réfléchir, et il se précipita chez l'orfèvre.

Dès qu'il l'aperçut, le marchand s'empressa, offrit un siège avec une politesse souriante. Les commis eux-mêmes arrivèrent, qui regardaient de côté Lantin, avec des gaietés dans les yeux et sur les lèvres.

Le bijoutier déclara:--Je me suis renseigné, Monsieur, et si vous êtes toujours dans les mêmes dispositions, je suis prêt à vous payer la somme que je vous ai proposée.

L'employé balbutia:--Mais certainement.

L'orfèvre tira d'un tiroir dix-huit grands billets, les compta, les tendit à Lantin, qui signa un petit reçu et mit d'une main frémissante l'argent dans sa poche.

Puis, comme il allait sortir, il se tourna vers le marchand qui souriait toujours, et, baissant les yeux:--J'ai... j'ai d'autres bijoux... qui me viennent... de la même succession. Vous conviendrait-il de me les acheter aussi?

Le marchand s'inclina:--Mais certainement, Monsieur. Un des commis sortit pour rire à son aise; un autre se mouchait avec force.

Lantin impassible, rouge et grave, annonça:--Je vais vous les apporter.

Et il prit un fiacre pour aller chercher les joyaux.

Quant il revint chez le marchand, une heure plus tard, il n'avait pas encore déjeuné. Ils se mirent à examiner les objets pièce à pièce, évaluant chacun. Presque tous venaient de la maison.

Lantin, maintenant, discutait les estimations, se fâchait, exigeait qu'on lui montrât les livres de vente, et parlait de plus en plus haut à mesure que s'élevait la somme.

Les gros brillants d'oreilles valent vingt mille francs, les bracelets trente-cinq mille, les broches, bagues et médaillons seize mille, une parure d'émeraudes et de saphirs quatorze mille; un solitaire suspendu à une chaîne d'or formant collier quarante mille; le tout atteignant le chiffre de cent quatre-vingt-seize mille francs.

Le marchand déclara avec une bonhomie railleuse:--Cela vient d'une personne qui mettait toutes ses économies en bijoux.

Lantin prononça gravement:--C'est une manière comme une autre de placer son argent. Et il s'en alla après avoir décidé avec l'acquéreur qu'une contre-expertise aurait lieu le lendemain.

Quand il se trouva dans la rue, il regarda la colonne Vendôme avec l'envie d'y grimper, comme si c'eût été un mât de cocagne. Il se sentait léger à jouer à saute-mouton par-dessus la statue de l'Empereur perché là-haut dans le ciel.

Il alla déjeuner chez Voisin et but du vin à vingt francs la bouteille.

Puis il prit un fiacre et fit un tour au Bois. Il regardait les équipages avec un certain mépris, oppressé du désir de crier aux passants: «Je suis riche aussi, moi. J'ai deux cent mille francs!»

Le souvenir de son ministère lui revint. Il s'y fit conduire, entra délibérément chez son chef et annonça:--Je viens, Monsieur, vous donner ma démission. J'ai fait un héritage de trois cent mille francs. Il alla serrer la main de ses anciens collègues et leur confia ses projets d'existence nouvelle; puis il dîna au café Anglais.

Se trouvant à côté d'un monsieur qui lui parut distingué, il ne put résister à la démangeaison de lui confier, avec une certaine coquetterie, qu'il venait d'hériter de quatre cent mille francs.

Pour la première fois de sa vie il ne s'ennuya pas au théâtre, et il passa sa nuit avec des filles.

Six mois plus tard il se remariait. Sa seconde femme était très honnête, mais d'un caractère difficile. Elle le fit beaucoup souffrir.

The Gems
Guy de Maupassant

Monsieur Lantin had met the young girl at a reception at the house of the second head of his department, and had fallen head over heels in love with her.

She was the daughter of a provincial tax collector, who had been dead several years. She and her mother came to live in Paris, where the latter, who made the acquaintance of some of the families in her neighborhood, hoped to find a husband for her daughter.

They had very moderate means, and were honorable, gentle, and quiet.

The young girl was a perfect type of the virtuous woman in whose hands every sensible young man dreams of one day intrusting his happiness. Her simple beauty had the charm of angelic modesty, and the imperceptible smile which constantly hovered about the lips seemed to be the reflection of a pure and lovely soul. Her praises resounded on every side. People never tired of repeating: “Happy the man who wins her love! He could not find a better wife.”

Monsieur Lantin, then chief clerk in the Department of the Interior, enjoyed a snug little salary of three thousand five hundred francs, and he proposed to this model young girl, and was accepted.

He was unspeakably happy with her. She governed his household with such clever economy that they seemed to live in luxury. She lavished the most delicate attentions on her husband, coaxed and fondled him; and so great was her charm that six years after their marriage, Monsieur Lantin discovered that he loved his wife even more than during the first days of their honeymoon.

He found fault with only two of her tastes: Her love for the theatre, and her taste for imitation jewelry. Her friends (the wives of some petty officials) frequently procured for her a box at the theatre, often for the first representations of the new plays; and her husband was obliged to accompany her, whether he wished it or not, to these entertainments which bored him excessively after his day's work at the office.

After a time, Monsieur Lantin begged his wife to request some lady of her acquaintance to accompany her, and to bring her home after the theatre. She opposed this arrangement, at first; but, after much persuasion, finally consented, to the infinite delight of her husband.

Now, with her love for the theatre, came also the desire for ornaments. Her costumes remained as before, simple, in good taste, and always modest; but she soon began to adorn her ears with huge rhinestones, which glittered and sparkled like real diamonds. Around her neck she wore strings of false pearls, on her arms bracelets of imitation gold, and combs set with glass jewels.

Her husband frequently remonstrated with her, saying:

“My dear, as you cannot afford to buy real jewelry, you ought to appear adorned with your beauty and modesty alone, which are the rarest ornaments of your sex.”

But she would smile sweetly, and say:

“What can I do? I am so fond of jewelry. It is my only weakness. We cannot change our nature.”

Then she would wind the pearl necklace round her fingers, make the facets of the crystal gems sparkle, and say:

“Look! are they not lovely? One would swear they were real.”

Monsieur Lantin would then answer, smilingly:

“You have bohemian tastes, my dear.”

Sometimes, of an evening, when they were enjoying a tete-a-tete by the fireside, she would place on the tea table the morocco leather box containing the “trash,” as Monsieur Lantin called it. She would examine the false gems with a passionate attention, as though they imparted some deep and secret joy; and she often persisted in passing a necklace around her husband's neck, and, laughing heartily, would exclaim: “How droll you look!” Then she would throw herself into his arms, and kiss him affectionately.

One evening, in winter, she had been to the opera, and returned home chilled through and through. The next morning she coughed, and eight days later she died of inflammation of the lungs.

Monsieur Lantin's despair was so great that his hair became white in one month. He wept unceasingly; his heart was broken as he remembered her smile, her voice, every charm of his dead wife.

Time did not assuage his grief. Often, during office hours, while his colleagues were discussing the topics of the day, his eyes would suddenly fill with tears, and he would give vent to his grief in heartrending sobs. Everything in his wife's room remained as it was during her lifetime; all her furniture, even her clothing, being left as it was on the day of her death. Here he was wont to seclude himself daily and think of her who had been his treasure-the joy of his existence.

But life soon became a struggle. His income, which, in the hands of his wife, covered all household expenses, was now no longer sufficient for his own immediate wants; and he wondered how she could have managed to buy such excellent wine and the rare delicacies which he could no longer procure with his modest resources.

He incurred some debts, and was soon reduced to absolute poverty. One morning, finding himself without a cent in his pocket, he resolved to sell something, and immediately the thought occurred to him of disposing of his wife's paste jewels, for he cherished in his heart a sort of rancor against these “deceptions,” which had always irritated him in the past. The very sight of them spoiled, somewhat, the memory of his lost darling.

To the last days of her life she had continued to make purchases, bringing home new gems almost every evening, and he turned them over some time before finally deciding to sell the heavy necklace, which she seemed to prefer, and which, he thought, ought to be worth about six or seven francs; for it was of very fine workmanship, though only imitation.

He put it in his pocket, and started out in search of what seemed a reliable jeweler's shop. At length he found one, and went in, feeling a little ashamed to expose his misery, and also to offer such a worthless article for sale.

“Sir,” said he to the merchant, “I would like to know what this is worth.”

The man took the necklace, examined it, called his clerk, and made some remarks in an undertone; he then put the ornament back on the counter, and looked at it from a distance to judge of the effect.

Monsieur Lantin, annoyed at all these ceremonies, was on the point of saying: “Oh! I know well enough it is not worth anything,” when the jeweler said: “Sir, that necklace is worth from twelve to fifteen thousand francs; but I could not buy it, unless you can tell me exactly where it came from.”

The widower opened his eyes wide and remained gaping, not comprehending the merchant's meaning. Finally he stammered: “You say—are you sure?” The other replied, drily: “You can try elsewhere and see if any one will offer you more. I consider it worth fifteen thousand at the most. Come back; here, if you cannot do better.”

Monsieur Lantin, beside himself with astonishment, took up the necklace and left the store. He wished time for reflection.

Once outside, he felt inclined to laugh, and said to himself: “The fool! Oh, the fool! Had I only taken him at his word! That jeweler cannot distinguish real diamonds from the imitation article.”

A few minutes after, he entered another store, in the Rue de la Paix. As soon as the proprietor glanced at the necklace, he cried out:

“Ah, parbleu! I know it well; it was bought here.”

Monsieur Lantin, greatly disturbed, asked:

“How much is it worth?”

“Well, I sold it for twenty thousand francs. I am willing to take it back for eighteen thousand, when you inform me, according to our legal formality, how it came to be in your possession.”

This time, Monsieur Lantin was dumfounded. He replied:

“But—but—examine it well. Until this moment I was under the impression that it was imitation.”

The jeweler asked:

“What is your name, sir?”

“Lantin—I am in the employ of the Minister of the Interior. I live at number sixteen Rue des Martyrs.”

The merchant looked through his books, found the entry, and said: “That necklace was sent to Madame Lantin's address, sixteen Rue des Martyrs, July 20, 1876.”

The two men looked into each other's eyes—the widower speechless with astonishment; the jeweler scenting a thief. The latter broke the silence.

“Will you leave this necklace here for twenty-four hours?” said he; “I will give you a receipt.”

Monsieur Lantin answered hastily: “Yes, certainly.” Then, putting the ticket in his pocket, he left the store.

He wandered aimlessly through the streets, his mind in a state of dreadful confusion. He tried to reason, to understand. His wife could not afford to purchase such a costly ornament. Certainly not.

But, then, it must have been a present!—a present!—a present, from whom? Why was it given her?

He stopped, and remained standing in the middle of the street. A horrible doubt entered his mind—She? Then, all the other jewels must have been presents, too! The earth seemed to tremble beneath him—the tree before him to be falling; he threw up his arms, and fell to the ground, unconscious. He recovered his senses in a pharmacy, into which the passers-by had borne him. He asked to be taken home, and, when he reached the house, he shut himself up in his room, and wept until nightfall. Finally, overcome with fatigue, he went to bed and fell into a heavy sleep.

The sun awoke him next morning, and he began to dress slowly to go to the office. It was hard to work after such shocks. He sent a letter to his employer, requesting to be excused. Then he remembered that he had to return to the jeweler's. He did not like the idea; but he could not leave the necklace with that man. He dressed and went out.

It was a lovely day; a clear, blue sky smiled on the busy city below. Men of leisure were strolling about with their hands in their pockets.

Monsieur Lantin, observing them, said to himself: “The rich, indeed, are happy. With money it is possible to forget even the deepest sorrow. One can go where one pleases, and in travel find that distraction which is the surest cure for grief. Oh if I were only rich!”

He perceived that he was hungry, but his pocket was empty. He again remembered the necklace. Eighteen thousand francs! Eighteen thousand francs! What a sum!

He soon arrived in the Rue de la Paix, opposite the jeweler's. Eighteen thousand francs! Twenty times he resolved to go in, but shame kept him back. He was hungry, however—very hungry—and not a cent in his pocket. He decided quickly, ran across the street, in order not to have time for reflection, and rushed into the store.

The proprietor immediately came forward, and politely offered him a chair; the clerks glanced at him knowingly.

“I have made inquiries, Monsieur Lantin,” said the jeweler, “and if you are still resolved to dispose of the gems, I am ready to pay you the price I offered.”

“Certainly, sir,” stammered Monsieur Lantin.

Whereupon the proprietor took from a drawer eighteen large bills, counted, and handed them to Monsieur Lantin, who signed a receipt; and, with trembling hand, put the money into his pocket.

As he was about to leave the store, he turned toward the merchant, who still wore the same knowing smile, and lowering his eyes, said:

“I have—I have other gems, which came from the same source. Will you buy them, also?”

The merchant bowed: “Certainly, sir.”

Monsieur Lantin said gravely: “I will bring them to you.” An hour later, he returned with the gems.

The large diamond earrings were worth twenty thousand francs; the bracelets, thirty-five thousand; the rings, sixteen thousand; a set of emeralds and sapphires, fourteen thousand; a gold chain with solitaire pendant, forty thousand—making the sum of one hundred and forty-three thousand francs.

The jeweler remarked, jokingly:

“There was a person who invested all her savings in precious stones.”

Monsieur Lantin replied, seriously:

“It is only another way of investing one's money.”

That day he lunched at Voisin's, and drank wine worth twenty francs a bottle. Then he hired a carriage and made a tour of the Bois. He gazed at the various turnouts with a kind of disdain, and could hardly refrain from crying out to the occupants:

“I, too, am rich!—I am worth two hundred thousand francs.”

Suddenly he thought of his employer. He drove up to the bureau, and entered gaily, saying:

“Sir, I have come to resign my position. I have just inherited three hundred thousand francs.”

He shook hands with his former colleagues, and confided to them some of his projects for the future; he then went off to dine at the Cafe Anglais.

He seated himself beside a gentleman of aristocratic bearing; and, during the meal, informed the latter confidentially that he had just inherited a fortune of four hundred thousand francs.

For the first time in his life, he was not bored at the theatre, and spent the remainder of the night in a gay frolic.

Six months afterward, he married again. His second wife was a very virtuous woman; but had a violent temper. She caused him much sorrow.